Santé Sexuelle et Éducation : nouvelles approches en milieu scolaire
Quelque actualité de l’éducation à la vie affective et sexuelle
« La santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social eu égard à la sexualité, qui ne consiste pas seulement une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle s’entend comme une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence. ».
Cette définition de la santé sexuelle de l’OMS proposée en 2006 est au cœur de l’action des intervenant⋅ es en Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle, parmi lesquels je me compte. Si notre travail s’axait par le passé sur le fait de préserver au maximum les jeunes de toute contamination par les MST ou d’une éventuelle grossesse non désirée, l’animation en milieu scolaire a aujourd’hui une nouvelle couleur. Je dirais qu’elle se rapproche sensiblement de l’éducation civique et morale tout en s’imprégnant des démarches d’éducation populaire, dans le sens où nous n’agissons pas comme des donneurs de leçons ou des sachants aux axiomes vénérables.
L’émancipation des jeunes que nous rencontrons est au cœur de nos aspirations et l’ouverture d’esprit notre plus bel outil pour leur permettre de s’autoriser à sortir de leurs habitudes scolaires. Je leur dis à chaque rencontre : « C’est ce que vous pensez de la vie affective, de la sexualité, ce que vous vivez qui nous intéresse aujourd’hui. ». Alors bien sûr, du savoir doit se transmettre. Je ne m’imagine pas repartir sans avoir amené, le plus naturellement possible, mon groupe à s’interroger sur certaines problématiques. Je me dois de leur parler du rôle de l’âge dans les limites légales qui encadrent les rapports sexuels. Je me dois de leur rappeler que leur pensée magique ne les protégera pas contre les virus, contre les « galères » comme les appelait un conseiller conjugal que j’avais pu observer.
Les galères, ces navires qui nous font tant ramer pour si peu avancer. Je sais aussi qu’ils en vivront, je l’accepte, je n’ai pas le fol espoir de les sauver des tâtonnements que leur vie sentimentale, sexuelle, que leur potentielle marginalité les poussera à vivre.
Je repars souvent en espérant pourtant avoir ouvert une brèche. Je me figure que je leur ai permis de se rappeler qu’ils sont aux commandes, et que si la loi a quelques attentes à leur égard elle leur offre tout de même l’espace d’aimer et de jouir. J’aimerais qu’ils sachent aussi que dans leurs perspectives érotiques, philosophiques, sensibles, ils ont une puissance d’agir que peut être aujourd’hui ils ne se figurent pas, encore pétris de doutes et soumis à des diktats pesants comme ils le sont souvent.